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La Mineuse du Marronnier : reproduction sexuée et colonisation du milieu

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L’observation des marronniers (marronnier blanc ou marronnier d’Inde, Aesculus hippocastanum) révèle une fréquente infestation par un insecte parasite, la Mineuse, Cameraria ohridella. On utilise ce cas permettant des observations concrètes pour faire comprendre comment l’alternance de formes (larve/adulte) contribue au peuplement du milieu, ou comment la reproduction sexuée permet aux espèces de se maintenir dans le milieu. Les activités construites à partir de cet exemple peuvent contribuer également à comprendre l’influence de l’Homme sur la biodiversité. Les documents fournis et les conseils pratiques sont destinés à permettre la construction d’activités pédagogiques fondées sur le réel (la Mineuse est fortement répandue et facile à trouver).

Atteinte des marronniers

En juin Début septembre

Le grand nombre de feuilles touchées cause une baisse notable de la photosynthèse, et donc un affaiblissement de l’arbre (moins de réserves accumulées pour l’hiver).

L’observation des feuilles montre des taches plus claires, ce sont les mines.

La dissection des mines permet d’appréhender les étapes du cycle biologique de la mineuse :

Dissection des mines - observation à la loupe

Barre = 1 mm

Les taches claires sur les feuilles sont en fait les galeries creusées par une petite chenille aplatie. La chenille se nourrit du parenchyme des feuilles, ce qui dégage un espace (=mine) entre l’épiderme supérieur et l’épiderme inférieur.

La chenille, très mobile, est visible par transparence au travers de l’épiderme.

Après 6 stades larvaires, la chenille construit un cocon blanchâtre dans sa mine et réalise sa mue nymphale. On retrouve ainsi l’exuvie de la chenille et la chrysalide dans son cocon.

Après quelques jours a lieu la mue imaginale : de la chrysalide sort un petit papillon (5 à 7 mm). L’exuvie reste souvent plantée dans la mine, à la surface de la feuille.

On peut observer les papillons sur le tronc des marronniers. Mâles et femelles s’accouplent. Les femelles pondent plusieurs dizaines d’œufs sur les feuilles.
Après incubation, une petite chenille éclôt et commence à creuser une mine. 3 générations peuvent ainsi se succéder de mai à septembre.

Maintien dans le milieu

En hiver, il n’y a plus de feuilles pour nourrir les chenilles. Mais dans les feuilles mortes, on trouve des cocons contenant des chrysalides.

Au printemps, les chrysalides se métamorphosent. Les papillons peuvent
alors s’accoupler et pondre sur les nouvelles feuilles.
La chrysalide, stade de développement issu de la reproduction sexuée, permet donc la pérennité de l’espèce malgré la disparition des ressources alimentaires.

Cycle de vie

Télécharger le Cycle de vie (document Powerpoint 2 Mo).

Colonisation du milieu

Cameraria ohridella a été découverte pour la première fois en Macédoine en 1984 près du lac Ohrid. En 20 ans elle a colonisé tout le continent européen, du Royaume Uni à la Russie. Elle est arrivée en France en 2000.

Carte de répartition de Cameraria ohridella de 1999 à 2004

Outre la capacité de vol des papillons, la colonisation de la France a surtout été facilitée par les mouvements humains (exemple de l’Essonne). À l’échelle de l’Europe, les zones occupées sont d’abord les zones urbaines, là où les échanges sont plus nombreux, puis enfin les campagnes.

Lutte biologique

Le succès de Cameraria en Europe est aussi dû à l’absence de parasite efficace. Un programme de recherche européen (Controcam) est mené pour déterminer l’origine géographique de la mineuse, avec comme objectif d’identifier des parasites naturels spécifiques de cette espèce.

Une autre méthode de lutte biologique s’appuie sur l’attraction des mâles par les phéromones des femelles. Il existe deux types de dispositifs, qui s’accrochent dans les branches des marronniers.


Piège bouteille

Piège delta
Pièges à phéromones
 
Les mâles sont attirés par la phéromone femelle diffusée par la capsule. Ils sont piégés : ils se noient dans le réservoir de liquide du piège bouteille ou restent collés aux plaques englués du piège delta.
Piège bouteille

Autoconfusion sexuelle

Le piège abrite une plaque contenant des puits remplis de poudre : il s’agit d’un mélange de phéromone femelle et d’un principe électrostatique. Le papillon mâle, attiré par la phéromone femelle, se couvre de poudre. Ses récepteurs antennaires sont alors complètement saturés et il ne localisera jamais de femelles. Deuxième effet, il devient un leurre pour les autres mâles. Chaque fois qu’il entre en contact avec un autre mâle, il y a échange de poudre, et les deux mâles ont alors
suffisamment de poudre pour agir tous les deux sur le reste de la population.

Conseils techniques pour l’utilisation en classe

  • On peut sans inconvénient stocker au congélateur des feuilles minées (collectées plutôt en juillet/août, car il y a désynchronisation des générations et on peut observer plusieurs stades sur une même feuille).
  • Les feuilles mortes sont trouvables de l’automne au printemps, mais on peut constituer un stock dès l’automne. Les feuilles mortes bien sèches se conservent très bien au réfrigérateur.
  • Après quelques mois passés au froid, il suffit d’environ 2 semaines à température ambiante pour que la diapause des chrysalides soit levée et qu’elles se métamorphosent. Il est ainsi possible de disposer de papillons même au cœur de l’hiver.

Ressources et liens

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