Exposition à l’amiante et risque de cancer : étude épidémiologique

Publié le 24 février 2021

Exploitation d’une étude épidémiologique observationnelle avec cas-témoins pour identifier les sources possibles d’exposition environnementale à l’amiante en Nouvelle-Calédonie.

Auteures : Catherine Meillaud et Catherine Palmier

Liens avec le BO

Programme de sciences de la vie et de la Terre de première spécialité
BO spécial du 22 Janvier 2019

Première spécialité : Corps humain et santé

Variation génétique et santé
Patrimoine génétique et santé

La plupart des pathologies d’origine génétique sont dues à l’interaction de nombreux gènes qui ne sont pas tous connus. Certains allèles de certains gènes rendent plus probable l’apparition d’une pathologie. Le fond génétique individuel intervient dans la santé de l’individu.
De plus, mode de vie et conditions de milieu peuvent interagir dans la probabilité d’apparition d’une pathologie (on peut citer, par exemple, la sensibilité aux rayonnements solaires).


 

Objectifs

Cartographier une pathologie en la visualisant sur un système d’information géoscientifique.
Mener une analyse statistique simple sur des données de santé
Communiquer (graphiquement et oralement) sur ses démarches, ses résultats et ses choix, en argumentant.

Problème

Il s’agit de déterminer la (ou les) source(s) possible(s) d’exposition environnementale à l’amiante en Nouvelle-Calédonie, afin que des actions de prévention plus ciblées et informatives puissent être menées si nécessaire.
Les documents proposés sont issus d’une étude épidémiologique observationnelle avec cas-témoins

Proposition didactique

  1. Motivation de la séance
    Le mésothéliome pleural malin est une forme de cancer de la plèvre. 80 à 85% des mésothéliomes sont dus à une exposition prolongée à l’amiante ayant pu survenir plusieurs dizaines d’années avant le développement de la maladie.
    La Nouvelle-Calédonie est une collectivité d’outre-mer particulièrement touchée par le mésothéliome : selon l’institut Pasteur, 68 personnes, âgées de 31 à 81 ans sont mortes d’un mésothéliome en Nouvelle-Calédonie entre 1984 et 2002, soit un taux dix fois supérieur à celui de la métropole. Des campagnes de prévention ont été mises en œuvre pour informer les populations des risques encourus.

    Source : https://www.bureauveritas.fr/risque-amiante-vos-nouvelles-obligations-avant-travaux

2. Formulation de l’activité

Sous forme de consigne globale : Étudiant en épidémiologie, vous êtes en stage en Nouvelle-Calédonie et découvrez que la population de l’île est particulièrement touchée par le cancer de la plèvre ou mésothéliome. Cette maladie est déclenchée par un contact prolongé avec l’amiante. Votre directeur de stage vous demande de réaliser une affiche de prévention contre le mésothéliome. Pour cela, vous devrez :

  • Identifier les origines possibles de l’amiante environnementale,
  • Vérifier l’impact de ces sources sur les cas de mésothéliomes
  • Expliquer comment diminuer les risques pour la population.

Sous forme de consigne détaillée :

  • À l’aide du corpus documentaire, formuler des hypothèses sur l’origine environnementale possible de l’amiante responsable des mésothéliomes.
  • À l’aide du tableur et du site Khartis ou Dimenc, vérifier les hypothèses proposées.
  • Communiquer vos conclusions grâce à une affiche sous forme de diapositive Powerpoint pour prévenir la population des risques liés à l’amiante et des attitudes à adopter pour se protéger.

 
3. Supports de travail et leurs sources :

  • Corpus documentaire sur l’amiante en Nouvelle-Calédonie.

    Source :

    https://dass.gouv.nc/votre-sante-sante-environnement/lamiante
    Source :

    https://cnrt.nc/wp-content/uploads/2016/03/CNRt-Restit-Amiante-240812CNRT.pdf

  • Supports numériques :

    Corpus documentaire - Partie 1 - L’amiante, une ressource géologique à l’affleurement

    Source :

    https://dass.gouv.nc/votre-sante-sante-environnement/lamiante
    Source :

    https://cnrt.nc/wp-content/uploads/2016/03/CNRt-Restit-Amiante-240812CNRT.pdf

    Doc 1 : L’amiante, un minéral fibreux.

    L’amiante est un matériau fibreux issu de roches minérales. Les deux principales familles d’amiante sont :
    ● les serpentines dont la principale espèce est le chrysotile, encore appelé amiante blanc (98 % des utilisations de l’amiante) ;
    ● les amphiboles constituées de cinq variétés : le crocidolite (amiante bleu), l’amosite (amiante brun), l’antophyllite, le trémolite et l’actinolite.

    Doc 2 : Des exemples d’affleurements contenant de l’amiante en Nouvelle-Calédonie.

    Doc 3 : Serpentinisation et fibrogenèse dans les massifs de péridotites de Nouvelle-Calédonie.

    Doc 4 : Conditions de formation des minéraux amiantifères.

    • La trémolite est une variété d’amphibole monoclinique magnésienne et calcique. Lorsque le fer devient abondant, elle prend le nom d’actinolite. La trémolite se rencontre principalement dans les roches basiques et ultrabasiques métamorphisées du « faciès schistes verts » à partir de roches éruptives basiques (gabbros, basaltes) ou de sédiments argilo- calcaires. Elle se forme dans les auréoles de métamorphisme de contact dès lors que la températuredépasse 350-400 °C et reste en dessous de 550° environ. La trémolite peut êtreprésente dans la masse de certaines roches ou dans des fissures. Elle est observée plus rarement sur les massifs de péridotites pauvres en calcium (Lahondère, 2007). L’origine et l’extension des minéralisations de la trémolite en Nouvelle-Calédonie reste aujourd’hui encore peu connues. La trémolite peut êtrerencontrée en petites quantités en association avec des serpentinites en plusieurs endroits de la Grande-Terre. Il en a été vu au col de Mouirange, sur la transversale Kone-Tiwaka, dans les régions de Houaïlou, Hienghène, Ouégoa....
    • Le chrysotile est le faciès fibreux de la serpentine, minéral classé parmi les phyllosilicates (ou silicate en feuillet). La serpentine constitue le principal minéral des serpentinites, roches qui tirent leur nom de leur aspect semblable à celui d’écailles de serpent lorsqu’elles sont polies. Sa formation est liée à l’hydratation des péridotites à des températures de 500 °C environ.

    Doc 5 : Classes d’aléa des formations amiantifères.

  • La classe d’aléa de niveau 1 correspond à toutes les formations géologiques dans lesquelles aucun indice d’amiante n’est actuellement connu. La probabilité d’occurrence de minéraux amiantifères dans ces formations est considérée comme nulle ou pratiquement nulle.
  • La classe d’aléa de niveau 2 correspond aux formations géologiques dans lesquelles des occurrences d’amiante très localisées et exceptionnelles, sont connues.
  • La classe d’aléa de niveau 3 regroupe les formations géologiques dans lesquelles les occurrences d’amiante sont plus fréquentes mais encore localisées et non systématiques.
  • La classe d’aléa de niveau 4 correspond aux formations géologiques dans lesquelles les occurrences d’amiante sont très nombreuses à systématiques et pour lesquelles la probabilité d’occurrence de minéraux amiantifères est donc forte à très forte.
  • Doc 6 : Le pö, un matériau de construction de Nouvelle-Calédonie.

    Source :

    https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00344892/document

    Pour blanchir les maisons, les Mélanésiens utilisèrent le matériau adapté et le plus proche de leur espace d’activité : chaux fabriquée avec du corail par exemple sur la côte, enduit réalisé à partir de roches prélevées dans le sol. Selon les zones géologiques, ces roches se sont révélées trémolitiques. D’autres enduits colorés, rouges ou ocre, ont pu être utilisés, comme dans la région de Bondé (commune de Ouégoa). Dans la vallée de la Hienghène comme dans d’autres endroits, les murs étaient recouverts intérieurement et extérieurement par le badigeon. Ces pratiques ont été intégrées par les Mélanésiens comme une référence familière : l’enduit peu résistant aux intempéries (pluies, cyclones) ou à l’usure du temps était régulièrement refait soit à l’initiative des familles, à l’occasion d’évènements (fêtes familiales, coutumières) soit sous la pression du Conseil des anciens responsable de la bonne gestion de la tribu. [...]

    Avec le temps, l’usure et la dégradation des murs, les fibres se sont libérées de leur support. Un dépôt de poussière s’est accumulé au fil des années sur le sol réalisé le plus souvent en terre battue. Ces poussières remises de manière permanente en suspension par le simple déplacement des personnes ou les activités domestiques (balayage) ont été inhalées par les occupants des lieux, générant chez certains des maladies graves. La monétarisation a entraîné progressivement la destruction de cet habitat en terre par les Mélanésiens eux-mêmes au profit d’habitations en “dur” : béton, tôles, plus faciles à mettre en œuvre. Ces transformations ont concerné dans un premier temps les tribus proches des villages européens ou des centres miniers pour gagner plus faiblement, de loin en loin, les tribus isolées.

     

    Corpus documentaire - Partie 2 - L’amiante et les mines de nickel

    Source :

    https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00344892/document
    Source :

    https://www.documentation.ird.fr/indigo/60978

    “Les roches qui composent les massifs de péridotites se sont formées en profondeur au niveau de zones de divergence de plaques. Elles renferment un peu de nickel (0,3 % Ni) et de cobalt (0,01 % Co). Sous l’action du climat tropical, ces roches se sont transformées en produit d’altération aux couleurs caractéristiques variant du rouge à l’orangé. Nickel et cobalt peuvent ainsi se trouver localement concentrés lors du processus d’altération supergène. Or, le nickel et les serpentines, localement chrysotile ou antigorite ont pour origine la même roche mère : les péridotites.”

    Doc 9  : Exploitation minière de nickel et de cobalt en Nouvelle-Calédonie.

    Doc 10 : Minerai de nickel de Nouvelle-Calédonie.

     

    Corpus documentaire - Partie 3 - Le recouvrement des voies

    Source :

    https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2007sa0408.pdf
    Source :

    http://infoterre.brgm.fr/rapports/RP-56666-FR.pdf

    Certaines voies de circulation, notamment en Nouvelle Calédonie, ont été revêtues de matériaux contenant des roches serpentiniques. Ces voies de circulation peuvent constituer une source d‘émission non négligeable de fibres pour les populations à proximité.
    Afin de limiter l’envol de poussières amiantifères provoqué par la circulation, Maton et Maurizot (2009) recommandent de limiter la vitesse à 30 km/h sur les chemins non goudronnés traversant des zones amiantifères ou empierrées de serpentinite . Par l’implantation de panneaux de signalisation aux abords de ces pistes, il serait également recommandé qu’une certaine distance entre véhicules soit respectée, les fenêtres des véhicules étant fermées. [...]

    De même, en 2007, la mission en Nouvelle-Calédonie (BRGM, 2007a) préconisait une réduction des risques pour les voies routières empierrées. En effet, en Nouvelle Calédonie, des roches serpentiniques sont fréquemment utilisées pour le revêtement des voies de circulation. Selon les auteurs, un bitumage systématique à court terme n’est pas réaliste compte tenu des longueurs très importantes de pistes. Les niveaux élevés de concentration justifient les actions suivantes :

    • arrêt de l’utilisation des roches serpentiniques amiantifères ou utilisation en sous-couche revêtue par des matériaux sans amiante ou par une couche goudronnée,
    • repérage des tronçons de routes empierrées à recouvrir prioritairement : cette tâche lourde de repérage par les moyens classiques d’analyses pourrait bénéficier d’un développement d’outil semi-automatisé exploitant des propriétés magnétiques des roches et permettant de repérer les serpentines susceptibles de contenir de l’amiante. Un programme spécifique de recherche est en cours de montage, dont le principe, basé sur le magnétisme spécifique des roches de serpentinite, est discuté en raison de sa reconnaissance limitée à un seul type de roches (entretiens avec le BRGM). Des prélèvements et analyses de roches et de poussières en nombre limité permettront de caler les résultats, ce repérage s’appliquera prioritairement aux routes les plus fréquentées et pour les parties traversant des zones habitées,
    • recouvrement des tronçons reconnus amiantifères.

    Proposition pédagogique

    Phase collective : Comparer le nombre de cas de mésothéliomes en France Métropolitaine et la Nouvelle-Calédonie.
    Vidéo

    « 1700 décès liés à l’amiante chaque année en France » :
    Problématisation  : Comment expliquer qu’un plus grand nombre de mésothéliomes liés à l’amiante soient constatés en Nouvelle-Calédonie ?

    Phase en binôme ou en groupe de 4 élèves : lecture d’un corpus documentaire sur l’amiante en Nouvelle-Calédonie. Formulation d’hypothèses et de stratégies pour vérifier ces hypothèses. Travail sur un site de cartographie (Khartis ou Dimenc) pour valider ou invalider ces hypothèses : les élèves affichent le nombre de cas de mésothéliomes dans les différentes communes de Nouvelle-Calédonie et différentes caractéristiques géologiques ou pratiques culturelles. Production d’une diapositive Powerpoint.

    Phase collective : correction des arguments devant figurer sur la diapositive

    Phase individuelle (à la maison)  : chaque élève commente la diapositive avec un enregistrement audio.

    Résultats

    Informations extraites du corpus documentaire, du tableur et du site cartographique  :
    L’étude du dossier documentaire permet de formuler plusieurs hypothèses quant à l’origine environnementale de l’amiante responsable des cas de mésothéliomes en Nouvelle-Calédonie et d’élaborer des stratégies de vérifications de ces hypothèses.

    Hypothèse

    Origine de l’amiante

    Stratégie pour vérifier l’hypothèse

    Prévention possible

    1

    Amiante présente à l’affleurement (ou dans les torchis des habitations fabriqués à partir de l’amiante à l’affleurement)

    On compare les localisations des cas de mésothéliomes avec les localisations des affleurements naturels de trémolite (amiante). 

    Ne plus utiliser l’amiante dans les torchis des maisons

    Éviter les poussières « blanches » dans les lieux de vie.

    2

    Amiante de recouvrement des routes

    On compare les localisations des cas de mésothéliomes avec les localisations des routes recouvertes de serpentinite (amiante)

    Rouler, fenêtres fermées, à moins de 30 km/h pour éviter de soulever la poussière d’amiante

    3

    Amiante provenant des activités minières

    On compare les localisations des cas de mésothéliomes avec les localisations des affleurements naturels de serpentinite (amiante) 

    Pour les personnels des mines, utiliser des masques de protection.

    Comparaison du nombre de cas de mésothéliomes/Localisation des mines

    Carte du nombre de cas de mésothéliomes en Nouvelle-Calédonie (Khartis

    Carte des massifs de péridotites en Nouvelle-Calédonie (Dimenc)

    Comparaison du nombre de cas de mésothéliomes/Localisation des mines

    Carte du nombre de cas de mésothéliomes en Nouvelle-Calédonie (Khartis)

    Carte de localisation des mines en Nouvelle-Calédonie (Dimenc)

    Comparaison du nombre de cas de mésothéliomes/Localisation des mines

    Carte du nombre de cas de mésothéliomes et de la localisation des mines en Nouvelle-Calédonie
    (Khartis, représentation doubles symboles proportionnels)

    Comparaison du nombre de cas de mésothéliomes/Localisation des habitations en Pö

    Carte du nombre de cas de mésothéliomes et de la localisation des habitations en Pö en Nouvelle-Calédonie
    (Khartis, représentation doubles symboles proportionnels)

    Un exemple d’information de prévention ayant circulé pour informer les populations locales.
    Dépliant proposé par les services sanitaires de la province Nord dans le cadre de l’information sur le danger du pö (Source DPASS-PS).

     

    Critères d’évaluation

    Critères de référence sur ce qui doit figurer sur l’affiche :

    • Pertinence des éléments extraits du corpus documentaire et du SIG proposés pour résoudre le problème scientifique.
    • Communication claire et structurée de ces éléments.

    Critères de référence sur ce qui doit figurer dans l’exposé oral :

    • Pertinence des éléments extraits du corpus documentaire et du SIG proposés pour résoudre le problème scientifique.
    • Qualité de l’argumentation pour la prévention des risques.
    • Communication claire et structurée de ces éléments.

    Points à valider, permettant éventuellement une évaluation formative de l’argumentation :

    • Les trois sources d’amiante pouvant être impliquées dans le déclenchement de la maladie sont relevées
    • Les liens entre la localisation des cas de mésothéliomes et les sources d’amiante
      • 3 origines possibles de l’amiante environnementale : dans les affleurements géologiques utilisés pour les torchis des maisons, dans les mines d’extraction de nickel, dans les recouvrements des routes.
      • Par l’étude de cas-témoins avec représentation géographique, on peut mettre en évidence un lien des cas de mésothéliomes avec l’utilisation d’amiante pour les torchis des maisons.
    • Pour chacune des trois sources d’amiante, une information auprès de la population est envisagée
      • Pour l’amiante environnementale (trémolite),
        • Cesser d’utiliser l’amiante dans le torchis des maisons.
        • Éviter les contacts avec les zones d’affleurements amiantifères.
        • Pour les enfants, ne pas jouer dans la « poussière » blanche à proximité des maisons
      • Pour l’amiante (serpentinite) recouvrant les routes :
        • Rouler les fenêtres fermées
        • Rouler à moins de 30 Km/h pour éviter de faire voler les poussières d’amiante
        • Pour l’amiante liée à l’exploitation minière :
        • Pour les personnels, porter des masques.

    Qualité de la communication :

    • Communication orale :
      • Débit de parole
      • Fluidité de parole
      • Variations et nuances de la voix
      • Vocabulaire précis
    • Communication écrite :
      • Disposition soignée des différents éléments
      • Bonne gestion de l’espace
      • Titre de l’affiche
      • Orthographe
      • Codage de l’information

    Grilles d’évaluation possibles

    Travail de groupe

    Informations pertinentes, complètes

    Informations incomplètes ou peu pertinentes

    Informations insuffisantes

    Mises en relationrigoureuses et complètes

    Mises en relation pas assez rigoureuses ou incomplètes

    Mises en relationrigoureuses et complètes

    Mises en relation pas assez rigoureuses ou incomplètes

    Mises en relation pas assez rigoureuses ou incomplètes

    10

    8

    6

    4

    2

    Oral

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