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Les risques naturels liés aux mouvements du sol et du sous-sol dans la région de Nantua

Situation géologique

  • Extrait de la carte géologique de Nantua
    Nantua se trouve dans le Jura méridional à la limite de contact entre les faisceaux plissés du Jura interne (ou Haute-Chaîne formant un grand bourrelet avec des plis amples) et du Jura externe (série de faisceaux de plis encadrant des plateaux). L’anticlinal des Monts d’Ain (Jurassique moyen et supérieur), orienté nord-sud, entaillé par une cluse d’origine glaciaire d’âge quaternaire, de direction est-ouest, est bordé à l’ouest par une gouttière synclinale (Crétacé) écrasée (les Neyrolles).
    Le fond surcreusé de la cluse est occupé par un lac.

Carte géologique

Échelle : 1/18700. D’après la carte NANTUA au 1/80 000 publiée par le Ministère de l’Industrie en 1964.

Coupe schématique au niveau du lac de Nantua

D’après le BRGM.

Coupe schématique au niveau des Fècles

D’après le CETE de Lyon.


 

La série stratigraphique

  Étage géologique Faciès lithologique Épaisseur Localisation
Formations quaternaires Glaciation würmienne
  • Éboulis.
  • Fluvio-glaciaire.
Variable.
  • Talus à la base des falaises.
  • Centre ville de Nantua
Crétacé Hauterivien Calcaires jaunâtres oolithiques
avec intercalations marneuses.
40-90 m
Petites falaises du fond de vallée des
Neyrolles
Valanginien Calcaire oolithique à stratigraphie oblique de couleur gris à roux.
Présence de lits marneux.
Jurassique supérieur Portlandien Kimméridgien Calcaires massifs cryptocristallins, oolithiques ou dolomitiques avec une tendance marneuse à la base
150-200 m
Nombreux surplombs de falaises (falaise de Fècles)
  • Au nord et au sud du lac et de la ville de Nantua.
  • Les pentes faibles, formant les soubassements des falaises
    calcaires, recouvertes par les éboulis.
Séquanien Calcaires oolithiques et pisolithiques avec des niveaux dolomitisés.
50 m
Rauracien supérieur Calcaires sublithographiques en petits bancs.
50-70 m
  • Argovien
  • Alternance de petits bancs de marnes et de marno-calcaires avec lits argilo-marneux.
20-25 m
  • Oxfordien
  • Marno-calcaires et marnes bleu-gris à Creniceras.
Jurassique moyen Callovien Alternance de calcaires oolithiques et de marno-calcaires.
40-70 m
  • Pentes à l’est de Nantua (route d’Apremont, CD 74 ).
  • Une partie de la ville de Nantua.
  • Pente douce le long du chemin des Monts d’Ain.
Bathonien Alternance de calcaires et de marno-calcaires, avec débit en plaquettes.
110 m
Pentes à l’est de Nantua (route d’Apremont, CD 74).
Bajocien Calcaires oolithiques, au sommet détritiques jaunâtres et marno-calcaires.
Bajocien moyen à tendance
marneuse.
200 m
Falaises au nord et au sud du hameau des Battoirs (limite des communes de Nantua et des Neyrolles), avec de nombreuses instabilités dues à l’érosion des marno-calcaires du Bajocien moyen mettant en porte à faux les formations supérieures.

Les risques liés aux mouvements du sol et du sous-sol

Ces risques correspondent à des instabilités naturelles ayant pour origine les formations rocheuses et les formations meubles. La carte ZERMOS (carte des Zones Exposées à des Risques liés aux MOuvements du Sol et du sous-sol) présente les risques sous la forme de plages de couleurs différentes correspondant chacune à un niveau de risque.

La carte ZERMOS


 

Les instabilités rocheuses en falaise

Elles sont classées en trois catégories suivant leur volume.

Les chutes de blocs, leur volume est inférieur à 1 m3, symbolisées par des traits noirs épais sur la carte :

Les éboulements, leur volume est compris entre une dizaine de m3 et quelques centaines de m3, symbolisés par de petits carrés vides avec une flèche indiquant le sens de l’éboulement, souvent sur fond rouge :

Les écroulements de pans de falaise (symbolisés par de petits triangles noirs : ), désolidarisée par une fissure de décollement (symbolisée par des pointillés épais : sur la carte).

Sur le secteur de Nantua, ces instabilités sont localisées au niveau de la puissante série calcaire regroupant le Rauracien, le Séquanien, le Kimméridgien et le Portlandien. Elles sont favorisées par la structure, par la tectonique ainsi que par des phénomènes de gélification et d’altération dus à l’action de l’eau. Les éléments rocheux provenant des chutes de blocs et des éboulements constituent les cônes d’éboulis vifs.

Ils correspondent aux zones d’épandage habituel (les couloirs d’éboulis actifs sont symbolisés par une flèche pointillée sur la carte avec l’indication Eh1 ou Eh2 suivant la fréquence des chutes).

Les zones d’épandage exceptionnel (notées Ex sur la carte) ne sont atteintes que par des éléments d’éboulement et d’écroulement. Elles sont recouvertes d’une végétation assez dense ce qui indique que de tels événements sont peu fréquents.

Cette végétation permet de retenir ou de freiner les blocs dévalant la pente, ainsi seuls les plus gros éléments peuvent traverser cette zone.

La présence de blocs isolés en bas de pente (symbolisés par de petits carrés noirs sur la carte : ) a permis de tracer la zone d’épandage exceptionnelle (symbolisée par un chapelet de points : sur la carte).

Les instabilités rocheuses sur les pentes : elles se sont pas représentées sur les falaises au dessus de Nantua (carte ci-dessus). On les rencontre à l’Est de Nantua (au dessus des Neyrolles et du lac de Sylans).

Les phénomènes karstiques : (symbolisés par des + + + sur la carte). Ils sont liés à la dissolution des calcaires. Ils sont représentés en surface par des lapiez et de dolines. Au sein du massif calcaire, la circulation de l’eau le long des diaclases entraîne à long terme la formation de galeries et de gouffres pouvant être à l’origine d’effondrements et surtout, en front de falaise, désolidarise les blocs et les pans de falaise.

Ces phénomènes affectent l’ensemble calcaire kimméridgien des plateaux du Don (Nord-Est de Nantua), du Mont (Nord de Nantua) et de Chamoise (Sud-Est de Nantua) qui dominent la cluse de Nantua.


 

Les instabilités dues aux formations meubles

Les glissements : ce sont des mouvements de matière d’une partie d’un versant avec arrachement en tête ou latéralement et formation d’un bourrelet d’accumulation en bas de pente.

Les fluages : (symbolisés par des V V V sur la carte, la zone affectée étant entourée d’un pointillé fin). Ils correspondent à des déformations lentes de terrains meubles ou plastiques, sans rupture de continuité sous l’effet d’une charge. Ils sont bien représentés dans le secteur de Nantua. Le fluage des assises marneuses et marno-calcaires de l’Argovien-Oxfordien sous l’effet des masses calcaires du Rauracien au Kimméridgien provoque des décollements et tassements des pans de la falaise des Fècles (voir la coupe ci-dessus).

Les ravinements : (symbolisées par des sur la carte). Ils proviennent d’un creusement irrégulier d’un versant par les eaux de ruissellement, entaillant les matériaux meubles.

Itinéraire

  • Arrêt 1 : à partir de Nantua, prendre la D 74, derrière le Collège, en direction d’Apremont, Oyonnax. 500 m environ après le lieu-dit "Sur Maison" occupé par un centre hippique, tourner à gauche en direction de la ferme "la Tour". Laisser le véhicule (deux bus peuvent y stationner) et continuer à pied en direction de "La Colonne" (une demi-heure de marche). Le lieu-dit "La Colonne" doit son nom à un énorme bloc qui a menacé Nantua pendant des années et qui a été abattu le 8 août 1973. Le panorama permet de découvrir la ville, le lac occupant la vallée glaciaire et le plateau de Chamoise. Des instabilités rocheuses sont visibles sous forme de petits blocs se détachant le long de la falaise. Prendre ensuite le sentier des Fècles (direction nord-est). Le sentier est dangereux car on marche en bord de falaise. On peut y observer des éboulements de gros blocs et de pans de falaise. La barre de Fècles constituée de calcaires Rauracien à Kimméridgien glisse sur une assise marneuse et marno-calcaire de l’Argovien - Oxfordien : elle se détache lentement du plateau du Don à raison de quelques millimètres par an. Une large fosse d’effondrement est déjà bien visible. Les phénomènes karstiques sont visibles tout au long du sentier, notamment des dolines dont une est bien visible sur la barre des Fècles.
  • Arrêt 2 : revenir au véhicule au lieu-dit "la Tour". Reprendre la D 74 en direction de Nantua et se garer au niveau du lieu-dit "la Grange Henry". Suivre à pied le sentier "le Chemin des Gardes". On chemine ainsi au pied de la falaise. Toutes les instabilités rocheuses y sont bien visibles, éboulements et écroulements. Les éléments rocheux provenant de la chute des blocs, des éboulements et des écroulements s’accumulent en bas de pente. La faible colonisation végétale de ces zones prouvent la grande fréquence de ces événements. Ils représentent les cônes d’éboulis actifs. C’est la circulation de l’eau le long des diaclases qui désolidarise les blocs. Pour protéger les habitations situées en aval contre la chute des blocs, plusieurs ouvrages ont été construits : il s’agit de levées de terre (merlons), renforcées par des pneus et dont la hauteur a été définie par des études de trajectographie.
  • Arrêt 4 : Revenir au véhicule à "La Grange Henry" et redescendre sur Nantua par la D 74. Au niveau du croisement avec la rue qui descend sur le cimetière, on peut observer avant l’immeuble sur la gauche, une ancienne zone de ravinement. Le chenal d’écoulement est en partie obstrué par de nombreux murs de cloture mais on peut observer un petit ruisellement et des débris rocheux déposés près de la chaussée.
  • Arrêt 3 : Redescendre derrière le Collège. Garer le véhicule sur le parking et, à pied, prendre le sentier qui monte. On atteint rapidement une zone boisée sur laquelle sont dispersés de nombreux blocs de taille variée. Il s’agit de la zone d’épandage exceptionnel atteinte seulement par les blocs les plus volumineux. Ils sont recouverts de végétation et le couvert végétal est assez dense ce qui montre que les événements d’éboulement et d’écroulement à l’origine de ces blocs sont relativement peu fréquents.

Historique des événements

  • En 1920, un écroulement de 250 000 m3 environ a coupé la voie ferrée aux Neyrolles.
  • En 1937 ou 1938, un éboulement de 500 à 700 m3 s’est produit entre Port et Nantua, à proximité de la tête Est du tunnel SNCF au pied de la montagne de Chamoise.
  • Le 17 février 1963, le cimetière de Nantua, situé sous un banc rocheux est ravagé par 400 tonnes de rocher.
  • Le 11 avril 1963, il s’est produit la chute d’un bloc de 30 tonnes à la tête Est du tunnel SNCF entre Port et Nantua.
  • Le 31 mars 1964, un bloc de 7 tonnes a écrasé une villa.
  • Le 9 avril 1964, 100 tonnes de rocher de détachent et se répandent sur le cône d’éboulis.
  • Le 8 août 1973, dans la partie Est de la barre des Fècles, la « Colonne », monolithe de 12 000 tonnes menaçant de tomber est abattue.


Coupe des blocs constituant La Colonne avant son élimination (échelle 1/1500)


Vue schématique de la falaise avec La Colonne avant son élimination

  • En février 1978, l’éboulement du "Signal", à l’amont du château du Pradon s’est produit à la suite de chutes de neiges importantes et de pluies brutales provoquées par un redoux. Une masse importante de sol meuble, d’éboulis s’est désolidarisée à 920 m d’altitude, de volume estimé à environ 15 000 m3, a glissé jusque par dessus les falaises avec destruction de 12 à 15 hectares de forêt. La masse éboulée s’est séparée en deux, une partie dévalant la combe marneuse vers l’Ouest, et l’autre partie franchissant le versant et les deux niveaux falaises jusqu’à la rivière en obstruant la voie ferrée. Actuellement, la zone d’arrachement est aménagée et végétalisée par l’ONF.
  • En décembre 1992, une chute de bloc désolidarisé de la falaise d’Au Delà vers 660 m d’altitude environ, d’un volume de 20 m3 s’est répandue à proximité de l’usine sans dégât.
  • En janvier 1994, un volume initial de 5 m3 s’est détaché de la falaise des Fècles à 750 m d’altitude approximativement. Environ 2 m3 ont été bloqués en amont à l’extrémité Ouest du chemin des Gardes, et n’ont pas menacé la population.
  • En avril 1995, un volume initial de 1 m3 a atteint les limites aval du camping.
  • En juillet 2001, plusieurs blocs de rochers se sont détachés de la falaise Les Grandes Roches. La plupart se sont arrêtés avant la chaussée de la RN 84. Seul un bloc estimé à plus de 30 tonnes a tarversé la chaussée avant de s’immobiliser dans une propriété en bordure du lac.
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